Étranger à Berlin, Paul Doswell
Ce sont les mots du titre autant que la couverture qui ont capturé mon regard ici. Mon prochain manuscrit, dont je travaille en ce moment le plan, se passe sous la seconde guerre mondiale, en Allemagne, j'ai donc été attirée naturellement par ce roman. Sur le quatrième de couverture il est écrit "roman d'aventures" mais j'avoue l'avoir lu plutôt comme un reportage de guerre, un document nous livrant des informations plus ou moins connues autour d'un sujet beaucoup traité : le nazisme et ses conséquences.
En me renseignant sur l'auteur que je ne connaissais pas, mon impression à la lecture du livre a été confirmée. Cet auteur, d'abord éditeur, anglais est surtout spécialisé dans les livres pour enfants et les livres d'informations. Cette fiction historique plaira donc aux jeunes adolescents ou aux gens qui comme moi cherchent à étoffer leurs connaissances sur une époque, un évènement.
Je dois le dire, il m'a quand même manqué ce souffle, cette introspection des sentiments plus poussée que je cherche généralement dans un roman. J'ai néanmoins dévoré les 423 pages en 2 jours, ça se lit bien et vite.
L'histoire
Piotr a 13 ans quand on le remarque dans un orphelinat de Varsovie, en 1941. Il a le profil aryen, des parents aux racines allemandes, qui font de lui un être à qui, dans son malheur, sourit la chance, et c'est rare, très rare. Piotr est un enfant qui tente de ne pas trop se poser de questions et qui accueille avec plaisir la nouvelle de son adoption en Allemagne, par un haut dignitaire nazi. Il se retrouve ainsi dans une famille bien nantie, avec 3 "sœurs" et des parents pour le nourrir, blanchir, choyer même. Il fait fi de ceux qui l'appellent le Ausländer et suit avec application ses cours à l'école berlinoise, se faisant désormais appeler Peter. Surtout, il prend part aux réunions de la Hitlerjugend, section pour les jeunes allemands qui assure l'endoctrinement nazi avant l'âge requis pour l'enrôlement dans l'armée. Il y formule ses premiers doutes intérieurs, y fait ses premières rencontres, notamment Lena dont il s'éprend aussitôt. Avec elle, il découvre l'autre face de l'Allemagne, celle qui résiste, celle qui s'interroge, celle qui se bat. Le temps est venu de l'engagement, loin de celui qu'il imaginait parmi les pilotes de l'élite à la Luftwaffe, de laisser parler sa conscience au risque de sa vie.
L'appréciation
Comme je le disais, je n'ai pas été transportée par l'écriture romanesque de l'auteur mais j'ai apprécié la richesse d'informations qui se dégage de ce roman. Au-delà des aventures des protagonistes ou de l'histoire sentimentale à peine effleurée des deux héros, on découvre une autre facette de l'Allemagne. La résistance intra-muros est, il me semble, un sujet peu abordé quand on évoque l'Allemagne nazie. On est aussi confronté à la question de l'engagement : pourquoi prendre des risques quand on a la chance de pouvoir s'en sortir ? Peut-on vivre en tentant de faire taire sa conscience ? Est-on capable d'assumer réellement, par ses actes, ses opinions, ses croyances aussi profondes soient-elles ? De véritables questions qui touchent autant les adolescents que les adultes et qui se voient ici parfaitement traitées, sans idéalisation aucune. Piotr/Peter au fond c'est n'importe lequel d'entre nous et il n'y a finalement qu'un pas entre la passivité et le passage à l'action. Il ne tient qu'à nous de le franchir, ou pas...
Petits plaisirs en bouche
"Il se voyait déjà survolant les steppes enneigées de Russie à basse altitude pour détruire une formation de tanks soviétiques. Pilote de chasse, cela avait quelque chose de séduisant et de prestigieux. On vivait confortablement dans des bases aériennes situées à bonne distance du front ; on se voyait confier les appareils les plus avancés au monde sur le plan technologique... et on s'élevait dans les airs tel un grand oiseau de proie."
"Fasciné, Peter contempla un piano à queue en flammes au beau milieu de la chaussée. A mesure que le feu dévorait le coffre en bois noir laqué, les cordes torturées grondaient et claquaient une par une, des plus aiguës aux plus graves."
"Le soleil d'août et l'air salé du grand large lui rappelaient d'autres temps, des jours heureux et insouciants. Il aurait aimé redevenir un petit garçon de huit ans en vacances à Dabki, en Plogne, au bord de la mer Baltique, sur une plage de sable doré s'étirant à l'infini. "
lundi 10 mai 2010
mardi 4 mai 2010
La Dame aux Camélias
La Dame aux Camélias, Alexandre Dumas fils
Ce n'est pas la couverture que j'ai sous les yeux mais bon, on fera avec. Même si je trouve que l'utilisation de la lithographie de Garnier d'après la peinture de Court "la reine du bal" sur l'ouvrage édité par Gallimard en collection folio est bien plus ressemblante à la description que Dumas fils fait de Marguerite Gautier, alias Marie Duplessis.
Voici d'ailleurs le portrait de la courtisane qui inspira tant Dumas fils.
Car nul ignore que l'œuvre qui fit le succès du fils de Dumas est
tirée de son vécu.
"Mon avis est qu'on ne peut créer des personnages que lorsque l'on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu'à la condition de l'avoir sérieusement apprise. N'ayant pas encore l'âge où l'on invente, je me contente de raconter."
Il a 18 ans, en 1842, quand il rencontre place de la Bourse une belle inconnue vêtue de mousseline blanche, coiffée d'un chapeau de paille d'Italie, c'est le coup de foudre, elle s'appelle Marie Duplessis. Née dans un milieu pauvre, sa rencontre avec un riche commerçant alors qu'elle est chapelière fait d'elle une courtisane que bientôt le Tout-Paris s'arrachera.
Sa vivacité d'esprit, sa beauté particulière : elle était « grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage, elle avait la tête petite, de longs yeux d’émail comme une Japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde » fera d'elle la courtisane de Dumas fils de 1844 à 1845, puis de Franz Liszt, entre autres, elle épousera même le comte de Perrégaux secrètement à Londres mais ne parviendra jamais à quitter sa vie dissipée et orgiaque.
Elle décède des suites d'une phtisie à 23 ans.
L'œuvre de Dumas fils qui suscitera bien des réactions passionnées, que ce soit en bien ou en mal, sera adaptée au théâtre dès 1852. Son rôle fut joué notamment par la grande Sarah Bernhardt.
L'histoire
Le narrateur raconte comment lors d'une mise aux enchères il est mis en relation avec un exemplaire de Manon Lescaut dont la dédicace "Manon à Marguerite, Humilité" le poussera à l'onéreuse acquisition. Quelques jours plus tard, un certain Armand Duval se présente à lui. L'homme a pâle mine et revient d'un voyage aux Orients. Il souhaite lui racheter le livre qu'il avait offert à Marguerite pour garder un souvenir d'elle. Le narrateur, frappé par son chagrin, lui propose de se revoir. Et c'est ainsi qu'Armand lui raconte l'histoire de sa vie, le formidable amour qui l'a lié à la belle courtisane malgré des débuts difficiles; leur espoir de vivre ensemble, heureux, compromis par la jalousie d'Armand, les dettes de Marguerite et surtout le jugement du Monde.
L'appréciation
Un très beau livre, avec des phrases percutantes, que l'on se plaît à relire plusieurs fois. Le sujet est certes désuet puisque le monde des courtisanes et l'implacabilité de l'opinion publique n'ont plus de place dans notre société actuelle mais l'histoire d'amour, elle, est atemporelle. Quelques longueurs parfois dans certains dialogues, des déclarations qui s'étalent sur plusieurs pages (notamment celles de la voix publique qui condamne l'amour des héros) mais qui n'entachent en rien le plaisir que j'ai eu à lire ce livre.
Je vous le recommande donc. ;)
Petits plaisirs en bouche
"Sans que je susse pourquoi, je devenais pâle et mon cœur battait violemment. J'ai un de mes amis qui s'occupe de sciences occultes, et qui appellerait ce que j'éprouvais l'affinité des fluides ; moi, je crois tout simplement que j'étais destiné à devenir amoureux de Marguerite, et que je le pressentais."
"Je me rappelais cette étude, et moi qui aurais voulu souffrir pour cette femme, je craignais qu'elle ne m'acceptât trop vite et ne me donnât trop promptement un amour que j'eusse voulu payer d'une longue attente ou d'un grand sacrifice. Nous sommes ainsi, nous autres hommes ; et il est bien heureux que l'imagination laisse cette poésie aux sens, et que les désirs du corps fassent cette concession aux rêves de l'âme."
"Je ne disais rien, mon âme semblait être passée toute dans mon cœur et mon cœur dans mes yeux."
"Un mois d'un amour comme celui-là et de corps comme de cœur, on ne serait plus qu'un cadavre."
Ce n'est pas la couverture que j'ai sous les yeux mais bon, on fera avec. Même si je trouve que l'utilisation de la lithographie de Garnier d'après la peinture de Court "la reine du bal" sur l'ouvrage édité par Gallimard en collection folio est bien plus ressemblante à la description que Dumas fils fait de Marguerite Gautier, alias Marie Duplessis.
Voici d'ailleurs le portrait de la courtisane qui inspira tant Dumas fils.
Car nul ignore que l'œuvre qui fit le succès du fils de Dumas est
tirée de son vécu.
"Mon avis est qu'on ne peut créer des personnages que lorsque l'on a beaucoup étudié les hommes, comme on ne peut parler une langue qu'à la condition de l'avoir sérieusement apprise. N'ayant pas encore l'âge où l'on invente, je me contente de raconter."
Il a 18 ans, en 1842, quand il rencontre place de la Bourse une belle inconnue vêtue de mousseline blanche, coiffée d'un chapeau de paille d'Italie, c'est le coup de foudre, elle s'appelle Marie Duplessis. Née dans un milieu pauvre, sa rencontre avec un riche commerçant alors qu'elle est chapelière fait d'elle une courtisane que bientôt le Tout-Paris s'arrachera.
Sa vivacité d'esprit, sa beauté particulière : elle était « grande, très mince, noire de cheveux, rose et blanche de visage, elle avait la tête petite, de longs yeux d’émail comme une Japonaise, mais vifs et fins, les lèvres du rouge des cerises, les plus belles dents du monde » fera d'elle la courtisane de Dumas fils de 1844 à 1845, puis de Franz Liszt, entre autres, elle épousera même le comte de Perrégaux secrètement à Londres mais ne parviendra jamais à quitter sa vie dissipée et orgiaque.
Elle décède des suites d'une phtisie à 23 ans.
L'œuvre de Dumas fils qui suscitera bien des réactions passionnées, que ce soit en bien ou en mal, sera adaptée au théâtre dès 1852. Son rôle fut joué notamment par la grande Sarah Bernhardt.
L'histoire
Le narrateur raconte comment lors d'une mise aux enchères il est mis en relation avec un exemplaire de Manon Lescaut dont la dédicace "Manon à Marguerite, Humilité" le poussera à l'onéreuse acquisition. Quelques jours plus tard, un certain Armand Duval se présente à lui. L'homme a pâle mine et revient d'un voyage aux Orients. Il souhaite lui racheter le livre qu'il avait offert à Marguerite pour garder un souvenir d'elle. Le narrateur, frappé par son chagrin, lui propose de se revoir. Et c'est ainsi qu'Armand lui raconte l'histoire de sa vie, le formidable amour qui l'a lié à la belle courtisane malgré des débuts difficiles; leur espoir de vivre ensemble, heureux, compromis par la jalousie d'Armand, les dettes de Marguerite et surtout le jugement du Monde.
L'appréciation
Un très beau livre, avec des phrases percutantes, que l'on se plaît à relire plusieurs fois. Le sujet est certes désuet puisque le monde des courtisanes et l'implacabilité de l'opinion publique n'ont plus de place dans notre société actuelle mais l'histoire d'amour, elle, est atemporelle. Quelques longueurs parfois dans certains dialogues, des déclarations qui s'étalent sur plusieurs pages (notamment celles de la voix publique qui condamne l'amour des héros) mais qui n'entachent en rien le plaisir que j'ai eu à lire ce livre.
Je vous le recommande donc. ;)
Petits plaisirs en bouche
"Sans que je susse pourquoi, je devenais pâle et mon cœur battait violemment. J'ai un de mes amis qui s'occupe de sciences occultes, et qui appellerait ce que j'éprouvais l'affinité des fluides ; moi, je crois tout simplement que j'étais destiné à devenir amoureux de Marguerite, et que je le pressentais."
"Je me rappelais cette étude, et moi qui aurais voulu souffrir pour cette femme, je craignais qu'elle ne m'acceptât trop vite et ne me donnât trop promptement un amour que j'eusse voulu payer d'une longue attente ou d'un grand sacrifice. Nous sommes ainsi, nous autres hommes ; et il est bien heureux que l'imagination laisse cette poésie aux sens, et que les désirs du corps fassent cette concession aux rêves de l'âme."
"Je ne disais rien, mon âme semblait être passée toute dans mon cœur et mon cœur dans mes yeux."
"Un mois d'un amour comme celui-là et de corps comme de cœur, on ne serait plus qu'un cadavre."
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