jeudi 10 juin 2010

Le lit d'Alienor


Le lit d'Aliénor, Mireille Calmel

J'ai bien pensé à toi en le lisant Nanet ! ^^
Un bon gros pavé que ce premier roman, plus de 500 pages, et malgré un début un peu difficile (finalement comme beaucoup de débuts) je me suis laissé embarquer par l'histoire. Lire un livre dont on a déjà beaucoup entendu parler n'est jamais évident. On s'est déjà fait une petite idée de ce qui nous attend. Lorsque je l'ai touché pour la première fois sur le chevet de ma maman il y a déjà un ou deux ans, j'ai été attirée par sa couverture moyenâgeuse, par ce nom qui me plaît tant, et je m'attendais il est vrai à quelque chose de beaucoup plus historique. Aussi, le début très immergé dans la féérie, m'a déroutée et il m'a fallu sauter quelques pages (notamment les allusions à Merlin) pour tomber à mon tour sous le charme. D'Aliénor. Car c'est ici pour moi la véritable héroïne de ce roman, Aliénor, et non celle dont j'ai déjà oublié le nom, ah voici, Loanna de Grimwald.

L'histoire

Loanna, descendante de Merlin l'Enchanteur, est envoyée auprès d'Aliénor d'Aquitaine en 1137 pour veiller sur elle et faire en sorte de faire d'elle la future reine d'Angleterre. De leurs 15 ans à leurs 30 ans, elles auront une relation tour à tour tendre et passionnée, entre trahisons, intrigues de cour, mariages royaux, croisades en Orient, sur fond de chants de troubadours, rien ne pourra vraiment les séparer. Reine de France, duchesse d'Aquitaine, reine d'Angleterre, le destin d'Aliénor est tout aussi tumultueux que celui de sa dame de compagnie, Loanna, coincée entre son amour pour Jaufré de Blaye, un troubadour en mal de vivre, et son devoir auprès d'Aliénor.
Le bien contre le mal, les sentiments contre la raison, cela semble être le cheval de bataille de Mireille Calmel.

L'appréciation

Comme je le disais, j'ai encore eu du mal à adhérer au merveilleux de l'histoire mais peut-être est-ce dû à mon attachement à l'historique. Cette idée qu'une femme héritière d'une fée ou d'un enchanteur de légende puisse sauver le monde en sacrifiant son destin m'exaspère un peu, je ne saurais dire pourquoi. De fait, je n'ai pas du tout été séduite par Loanna. Je l'ai trouvée agaçante, égoïste aussi, et cruelle lorsqu'elle interrompt la grossesse de son amie pour le bien de l'avenir. Certes, on pourra me répondre que cette héroïne n'incarne pas la perfection et qu'elle a sa part d'ombre, mais je trouve que Mireille Calmel se répète un peu dans ses livres. Le schéma reste le même : un monde féérique qui doit venir sauver un monde "réel", une héroïne sacrifiant l'amour pour le devoir, tiraillée entre le bien et le mal, une vision des choses manichéenne, des amours saphiques, un héros qui se meurt d'amour pour sa belle mais ne parvient pas à vaincre l'implacable destin...
Si on passe au-dessus de ça, je trouve l'écriture de Mireille Calmel éblouissante, j'aime la sonorité de ses mots, la couleur des phrases, les images qu'elle sait évoquer avec brio, sa verve tout simplement. Et c'est ce qui m'a fait avaler ses pages en moins d'une semaine.

Petits plaisirs en bouche

"Ce matin-là, 25 février 1137, comme tous les matins depuis une semaine, il y avait du brouillard, un brouillard qui ondulait à terre tel un serpentin vaporeux de mousseline. Les formes s'en trouvaient arrondies, fondues, dans une harmonie de gris perle et de bronze. La rivière à mes pieds glougloutait doucement, sertie dans son écrin de mousse et de bruyère. Et comme nulle part ailleurs, ici, à Brocéliande, en plein cœur de la Bretagne, le temps semblait suspendu. Là étaient mes racines, les toutes premières, celles du premier maillon de la chaîne de vie."

"Il pénétra dans la cour du monastère, laissa son cheval au frère Alburge qui l'accueillit, et, s'étant renseigné, se dirigea vers les jardins. Aliénor s'y promenait, qui échangeait, angélique, des propos anodins avec un moine. A sa vue elle ne montra aucune surprise ; pourtant, son regard pétillait de malice. Il se demanda, les doigts brûlants, qui du diable ou de Dieu hantait cette demeure."

"Mon cœur brûlait d'une infinie tendresse. Je lui pris la main et l'entraînai jusqu'au sommet de la falaise formée par les remparts. Le Bosphore à nos pieds ronronnait comme un jeune chat enveloppé de reflets d'argent et de pourpre. On eût dit une parure de pierres précieuses. Je m'assis, les bras ballants, sur le parapet, il entoura mes épaules de son bras. J'étais lasse."

2 commentaires:

  1. un roman que j'ai beaucoup aimé, même s'il est vrai que l'auteure balance entre réalité historique et monde enchanté.... et que cela peut être déroutant si l'on attend de l'histoire pure

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  2. Il y a ces romans remplis de magie et de simplicité qu'on ne peut s'empêcher de dévorer d'un coup.

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