lundi 10 mai 2010

Etranger à Berlin

Étranger à Berlin, Paul Doswell

Ce sont les mots du titre autant que la couverture qui ont capturé mon regard ici. Mon prochain manuscrit, dont je travaille en ce moment le plan, se passe sous la seconde guerre mondiale, en Allemagne, j'ai donc été attirée naturellement par ce roman. Sur le quatrième de couverture il est écrit "roman d'aventures" mais j'avoue l'avoir lu plutôt comme un reportage de guerre, un document nous livrant des informations plus ou moins connues autour d'un sujet beaucoup traité : le nazisme et ses conséquences.

En me renseignant sur l'auteur que je ne connaissais pas, mon impression à la lecture du livre a été confirmée. Cet auteur, d'abord éditeur, anglais est surtout spécialisé dans les livres pour enfants et les livres d'informations. Cette fiction historique plaira donc aux jeunes adolescents ou aux gens qui comme moi cherchent à étoffer leurs connaissances sur une époque, un évènement.

Je dois le dire, il m'a quand même manqué ce souffle, cette introspection des sentiments plus poussée que je cherche généralement dans un roman. J'ai néanmoins dévoré les 423 pages en 2 jours, ça se lit bien et vite.

L'histoire

Piotr a 13 ans quand on le remarque dans un orphelinat de Varsovie, en 1941. Il a le profil aryen, des parents aux racines allemandes, qui font de lui un être à qui, dans son malheur, sourit la chance, et c'est rare, très rare. Piotr est un enfant qui tente de ne pas trop se poser de questions et qui accueille avec plaisir la nouvelle de son adoption en Allemagne, par un haut dignitaire nazi. Il se retrouve ainsi dans une famille bien nantie, avec 3 "sœurs" et des parents pour le nourrir, blanchir, choyer même. Il fait fi de ceux qui l'appellent le Ausländer et suit avec application ses cours à l'école berlinoise, se faisant désormais appeler Peter. Surtout, il prend part aux réunions de la Hitlerjugend, section pour les jeunes allemands qui assure l'endoctrinement nazi avant l'âge requis pour l'enrôlement dans l'armée. Il y formule ses premiers doutes intérieurs, y fait ses premières rencontres, notamment Lena dont il s'éprend aussitôt. Avec elle, il découvre l'autre face de l'Allemagne, celle qui résiste, celle qui s'interroge, celle qui se bat. Le temps est venu de l'engagement, loin de celui qu'il imaginait parmi les pilotes de l'élite à la Luftwaffe, de laisser parler sa conscience au risque de sa vie.

L'appréciation

Comme je le disais, je n'ai pas été transportée par l'écriture romanesque de l'auteur mais j'ai apprécié la richesse d'informations qui se dégage de ce roman. Au-delà des aventures des protagonistes ou de l'histoire sentimentale à peine effleurée des deux héros, on découvre une autre facette de l'Allemagne. La résistance intra-muros est, il me semble, un sujet peu abordé quand on évoque l'Allemagne nazie. On est aussi confronté à la question de l'engagement : pourquoi prendre des risques quand on a la chance de pouvoir s'en sortir ? Peut-on vivre en tentant de faire taire sa conscience ? Est-on capable d'assumer réellement, par ses actes, ses opinions, ses croyances aussi profondes soient-elles ? De véritables questions qui touchent autant les adolescents que les adultes et qui se voient ici parfaitement traitées, sans idéalisation aucune. Piotr/Peter au fond c'est n'importe lequel d'entre nous et il n'y a finalement qu'un pas entre la passivité et le passage à l'action. Il ne tient qu'à nous de le franchir, ou pas...

Petits plaisirs en bouche

"Il se voyait déjà survolant les steppes enneigées de Russie à basse altitude pour détruire une formation de tanks soviétiques. Pilote de chasse, cela avait quelque chose de séduisant et de prestigieux. On vivait confortablement dans des bases aériennes situées à bonne distance du front ; on se voyait confier les appareils les plus avancés au monde sur le plan technologique... et on s'élevait dans les airs tel un grand oiseau de proie."

"Fasciné, Peter contempla un piano à queue en flammes au beau milieu de la chaussée. A mesure que le feu dévorait le coffre en bois noir laqué, les cordes torturées grondaient et claquaient une par une, des plus aiguës aux plus graves."

"Le soleil d'août et l'air salé du grand large lui rappelaient d'autres temps, des jours heureux et insouciants. Il aurait aimé redevenir un petit garçon de huit ans en vacances à Dabki, en Plogne, au bord de la mer Baltique, sur une plage de sable doré s'étirant à l'infini. "

2 commentaires:

  1. Drôle de découverte. J'avoue que ce livre ne m'attire pas vraiment, il ressort un je ne sais quoi qui me laisse pantoise dans ta présentation. Comme si ce livre t'avait plu mais sans toutefois te combler. Ai-je tort ?

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  2. Oui c'est cela, disons que je suis un peu restée sur ma faim sur le plan sentimental et romanesque, mais peut-être que tu y trouveras ton compte ;)

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